Les Blood Angels étaient autrefois considérés comme des élus au sein même des légions de l'Adeptus Astartes, animés par la bravoure et la noblesse de leur Primarque Sanguinius. Cependant, les événements de l'Hérésie d'Horus et la perte brutale de leur père leur portèrent un terrible coup. Sa mort fut si horrible qu'elle marqua à jamais le moindre des frères de la légion et, depuis ce jour funeste, on prétend que les Blood Angels portent dans leur chair une atroce malédiction.


Origines

La pensée la plus hérétique murmurée dans certains recoins de l'Imperium est celle que les Primarques furent approchés par le Chaos dès leur plus jeune âge. Certains érudits prêtent crédit à l'idée que les prédécesseurs génétiques de l'Adeptus Astartes furent tirés de leurs incubateurs par les quatre sombres puissances, des déprédations desquelles ils furent protégés par un ensorcellement conjuré par le Divin Empereur en personne. D'autres voudraient faire croire que n'ayant pas été détruits, ils furent expédiés vers les régions reculées de la galaxie, loin du secours que Terra pouvait leur garantir.

Il paraît plausible que le Chaos ait tenté de pervertir l'oeuvre parfaite de l'Empereur, mais affirmer qu'un ou plusieurs des Primarques aient pu être altérés par son influence dès l'aube de leurs existences est grotesque.

Le niveau culturel des habitants de la planète Baal, monde désolé aux lunes jumelles, ne leur a jamais permis d'entretenir des archives historiques. Néanmoins, la tradition orale de la tribu baalite du Sang témoigne que l'enfant Sanguinius présentait déjà de minuscules ailes atrophiées lorsqu'il fut trouvé en un endroit nommé depuis la Chute de l'Ange, non sans raison. Sanguinius était de fait angélique, pas uniquement d'un point de vue physique, mais aussi pour son âme immaculée.

Les membres de la première tribu baalite affirment descendre de la lignée originelle de la tribu du Sang. Nombre de leurs paraboles et de leurs psaumes ont été transcrits par les Archivistes Blood Angels au fil du temps et sont conservés avec la plus grande déférence dans les temples d'archivage du chapitre.

L'histoire de la tribu ne nous est pas connue avant l'âge de la descente de Sanguinius. On ne peut lui prêter que l'existence typique qui est toujours celle des autres habitants de Baal Secundus, des individus misérables qui s'efforcent de survivre sur leur monde cruel et irradié. En effet, on enregistre sur Baal Secundus des niveaux de radiation qui tueraient un homme mal protégé en quelques secondes. Il est à supposer que lorsque les frères de la tribu du Sang trouvèrent un petit ange ailé sur les sables brûlants de leur planète, ils le prirent pour un mutant.

L'ironie du sort voulut qu'une grande partie de la tribu préconisât de mettre à mort celui qui allait plus tard lui montrer la voie vers le salut. Même s'il est difficile de croire à un tel sacrilège, il faut considérer qu'à l'époque, les gens de Baal ne valaient guère mieux que des barbares. Ils durent cependant percevoir la divinité de Sanguinius malgré le fait qu'il ne pût s'exprimer. La compassion l'emporta et cet enfant plus parfait que chacun des hommes qui l'entouraient fut adopté.

Bien que les premières années de Sanguinius se soient effacées de la mémoire des hommes, les événements les plus notables de son enfance ont été répétés tant et tant de fois par les tribus baalites qu'ils sont enracinés dans leur conscience collective. Une de ces histoires décrit comment, avant l'âge de trois semaines, il avait atteint la taille d'un enfant de plusieurs années. Aussi curieux qu'intrépide, il prouva être déjà capable de marcher en échappant à la vigilance de sa nourrice. Lorsqu'on le retrouva, ses pas l'avaient entraîné jusqu'au repaire d'un Scorpion de Feu, un prédateur difforme qui atteignait en longueur deux fois la taille d'un adulte. Sanguinius avait occis la bête à mains nues, en dépit des piqûres répétées de son dard dégoulinant d'un poison virulent et censé pouvoir consumer un homme de l'intérieur en quelques secondes.

Les conteurs se plaisent à ajouter que la tribu de Sanguinius fit ce soir-là un excellent repas.

Comme tous les autres Primarques, Sanguinius grandit à une allure époustouflante, ainsi que le firent ses ailes, dont les plumes étaient du blanc le plus pur, à l'instar des cygnes, mais résistantes telles celles de l'Aigle Impérial. Elles finirent par pouvoir le porter dans les courants chauds au-dessus des déserts calcinés, ce qui émerveillait comme on peut s'en douter les simples êtres condamnés à se traîner au sol.

Moins d'un an après sa découverte, Sanguinius était déjà plus grand que tous ceux qui marchaient sous les lunes de Baal. Son corps était parfait et sa beauté telle que certains ne pouvaient poser les yeux sur lui sous peine de cécité. Il pouvait marcher sous les rayons des soleils les plus ardents tandis que sa famille adoptive titubait, encombrée par le poids des combinaisons anti-radiations, fracasser les rochers d'un coup du plat de la main, soumettre les animaux sauvages d'un seul regard et s'élever dans le ciel porté par ses ailes pour observer la terre avec la même perspective qu'un dieu. Tandis que les années passaient, la tribu prospéra sous l'égide de Sanguinius.

La traduction d'un mythe baalite par le très vénérable Hyriontericus Lucidio (2342345.M33) a été conservée avec un soin extrême depuis sa consignation dans les tomes des archives Blood Angels. De ce fait, la citation suivante a conservé une forme archaïque, qui est celle des mots d'Imrait'il'thax l'Ancien transcrits directement du baalite par Lucidio.

"Eux, mutants-cannibales, vinrent par centaines, bien plus nombreux que les nôtres. La lame surgissait de la bouche, l'oeil effrayait, la main tordue agrippait l'épée rouillée. Nous connûmes la mort en ce moment. Alors l'Ange oeuvra.

Le Pur, il ne voulait pas que le mal nous atteignît. Il fit alors rage, d'abord lumière blanche et aveuglante, puis ombre rouge et courroucée quand la mort marcha à ses côtés. Ses yeux intenses brûlaient et sa couronne, une auréole de violence, semblait une tempête de destruction. Nous fûmes pris par la beauté de sa danse. Et alors il n'y eut plus de mutants, que le silence, et il était devant nous, calme comme le tombeau."

Sanguinius s'éleva rapidement au pinacle de la société de Baal Secundus et, sous son commandement, les tribus baalites de sang pur s'unirent contre l'infestation des mutants qui pullulaient sur les étendues radioactives. Malgré des effectifs largement inférieurs en nombre, ceux dont le sang était pur remportèrent la guerre contre les mutants. La présence de Sanguinius ainsi que sa maîtrise totale de l'art du combat repoussa la vague qui menaçait d'engloutir Baal Secundus. A la bataille, nul ne pouvait échapper à sa colère et c'est sûrement pour cela qu'il fut vite vénéré comme un dieu par les siens, convaincus que le paradis renaîtrait sous les pas ensanglantés de l'Ange.

De sorte qu'au moment où l'Empereur parvint sur Baal, Son fils perdu se tenait à la tête du Conclave du Sang. Le Haut Souverain de l'Humanité avait correctement deviné la présence de l'un de Ses Primarques sur la surface hostile de Baal Secundus et y amena Ses meilleurs hommes.

C'est précisément à partir de ce point que les érudits cessent de devoir s'en remettre uniquement aux conjectures et aux mythes primitifs, quel que soit le soin avec lequel ils furent consignés, car l'entourage du Père de l'Imperium comprenait entre autres de nombreux scribes de confiance.

Il est établi qu'au plus fort du Conclave du Sang, l'Empereur entra seul dans le titanesque amphithéâtre naturel lentement creusé au flanc du Mont Seraph par les forces tectoniques. Ceux de sang pur y étaient venus assister à un discours de Sanguinius par dizaines de milliers. L'Empereur se trouvait parmi eux, éblouissant au milieu de ces guerriers loqueteux, mais il connaissait l'humilité et écouta avec autant d'attention que n'importe quel autre homme présent. Les mots de Sanguinius transportaient les âmes en leur donnant plus que de l'espoir, et sa conclusion s'éleva dans une grande ovation reprise par chaque auditeur. Il n'en fallait pas plus pour convaincre l'Empereur qu'il avait retrouvé l'un de Ses fils perdus.

Il est également dit que lorsqu'Il s'approcha de lui, Sanguinius reconnut l'Empereur immédiatement. Beaucoup pensent que c'est une capacité innée à prédire les événements futurs qui l'avait informé de cette visite et expliquerait sa réaction : il tomba à genoux et des perles de cristal roulèrent sur ses joues pour atterrir dans la poussière. Là, des fleurs couleur d'albâtre poussèrent sur le sol nu de Baal Secundus. Alors l'Empereur le pria de se lever et observa la myriade de visages fiers et résolus tournés vers lui, et il vit que tous étaient purs dans leurs âmes et leurs actes, le coeur battant d'un fragment de la noblesse de leur chef.

C'est ainsi que sous le soleil mordant de Baal naquirent les Blood Angels.


Les Anges du Sang

L'histoire impériale a retenu que l'Empereur choisit alors les meilleurs des guerriers de Sanguinius pour les intégrer aux légions Space Marines qui l'accompagnaient dans Sa Grande Croisade. L'essence physique du Primarque, son précieux patrimoine génétique, leur fut implantée et aucun homme ayant reçu le cadeau d'une telle bénédiction ne pouvait faillir à son devoir. La puissance des Blood Angels s'additionna à celle déjà rassemblée sous les bannières de l'Empereur.

Ceux qui demeurèrent en poste sur Baal Secundus reçurent pour mission de défendre le bon droit de l'Humanité sur cette planète et de s'assurer que les générations futures apprendraient le credo impérial en même temps que la vérité sur les dieux qui un jour foulèrent ce sol. C'est pourquoi aujourd'hui encore, malgré tous les millénaires qui les séparent de ces heures, les Blood Angels recrutent dans le système de Baal.

Pour désigner ceux qui seront dignes de rejoindre leurs rangs, les jeunes des tribus de sang pur participent à des épreuves d'une rare violence où ils affrontent autant les paysages de leur monde natal que leurs pairs. Il s'agit d'une pratique établie depuis l'époque des tout premiers recrutements et dont les rituels n'ont pas beaucoup changé. Ces jeux se déroulent une fois par génération à la Chute de l'Ange, près de la falaise interdite où Sanguinius fut trouvé, et sont annoncés par l'arrivée des "chars volants" (les Thunderhawks des Blood Angels).

Les aspirants doivent atteindre cet endroit comme ils le peuvent, une première épreuve qui purge la foule de ses éléments les plus faibles. Il leur faut traverser un désert hostile sur des kilomètres et sauter de hautes falaises, uniquement portés par des "Ailes d'Ange", un assemblage des plus primitifs fait de peaux et de branches à peine en mesure de les porter. Ils doivent ensuite retrouver leur chemin au milieu de gorges infestées de Scorpions de Feu et d'Assoiffés, de terribles prédateurs qui drainent toute humidité de leurs proies. Les ossements desséchés de précédents candidats témoignent de ce danger à ne pas sous-estimer. Sur le lieu d'atterrissage se tiennent ensuite des combats de gladiateurs identiques à ceux du système d'Ultramar et auxquels seuls les plus doués survivent.

Une fois qu'une cinquantaine de vainqueurs a été désignée parmi les aspirants, ils embarquent dans les Thunderhawks pour la suite de leurs épreuves. Les impétrants malchanceux retournent vers leur société pour y, occuper de hauts rangs ou gardent la Chute de l'Ange jusqu'à ce que la génération suivante soit prête. Les autres sont emmenés sur Baal, dans la forteresse-monastère des Blood Angels où les visions de magnificence et de gloire en ébahissent plus d'un. Ils passent en ordre de marche devant l'assemblée de leurs futurs frères, ce qui a pour but de marquer clairement le contraste entre les nouveaux venus et les Space Marines.

On sait quels sévères effets débilitants l'atmosphère et le climat des satellites de Baal ont sur ceux qui y ont vécu. Les corps de la plupart des aspirants portent l'empreinte profonde de leurs anciennes vies, car il est impossible pour un homme ordinaire de supporter de telles conditions sans en subir les conséquences. Malgré leur jeunesse, ils sont souvent voûtés et couverts de lésions diverses, et leurs corps sont plutôt frêles car leur croissance fut retardée par la malnutrition. En comparaison, les Space Marines qui les dépassent d'au moins une tête représentent un idéal de beauté sculpturale avec leur peau lisse, leurs traits fins et leur dentition parfaite.

Les aspirants sont menés à la Grande Chapelle des Blood Angels où ils doivent observer une veille de trois jours et trois nuits. Certains s'effondrent de sommeil malgré leurs efforts et sont emportés sans que l'on sache ce qu'il advient d'eux. Les Prêtres Sanguiniens s'avancent alors sous la lumière des candélabres. Ces individus remplissent pour les Blood Angels le rôle d'Apothicaires, mais leur mission est un peu plus inhabituelle car leur est confiée la préservation du sang de leur Primarque et on dit que le calice qu'ils tendent aux aspirants à la fin de cette veille contient quelques gouttes de ce précieux et noble liquide. Une fois que tous y ont bu, ils tombent dans un profond coma durant lequel leur coeur s'arrête, puis sont transportés par des serviteurs vers l'Apothecarion où le patrimoine sacré de Sanguinius leur est implanté.

Ils sont déposés au son du Credo Vitae dans la Salle des Sarcophages, dont l'architecture est celle d'une cathédrale, mais dont les dimensions sont telles qu'elle pourrait abriter plusieurs de ces édifices sans qu'une de leurs flèches ne touche son plafond. Ses murs sont ornés de nombreux sarcophages dorés faisant deux fois la taille d'un humain où les novices endormis sont placés puis connectés à un attirail de systèmes de survie.

Nourris par intraveineuse, ils y restent une année entière durant laquelle le sang du Primarque court sans cesse dans leurs veines.

Beaucoup meurent à ce stade, leur constitution trop faible ne parvenant pas à s'accommoder de l'influence mutagène du patrimoine génétique, et il est des choses qu'il vaut mieux taire ici. Ceux qui résistent à ce calvaire acquièrent une nouvelle constitution, en aussi peu de temps qu'il avait fallu à leur ancêtre. Il arrive parfois qu'un aspirant s'éveille avant l'ouverture du carcan qui le transforme, il y vit alors des semaines, voire des mois dans les ténèbres avant d'en ressortir en proie à une incurable folie, ou pire encore.

Si le corps de l'aspirant s'adapte, sa masse musculaire augmente et il assimile les organes qui lui furent greffés dans l'Apothecarion. Son long sommeil a été habité par des rêves étranges, très réalistes, issus de la mémoire de Sanguinius, L'essence même du Primarque teinte les esprits de ses nouveaux fils car ces fortes émotions et ces souvenirs s'impriment de façon permanente dans leurs âmes de Blood Angels naissants.

Lorsque les aspirants sont finalement tirés de leurs sarcophages, peu de gens pourraient croire qu'il s'agit des mêmes hommes qui furent autrefois sauvés de l'enfer de Baal Secundus. Ils sont devenus immensément grands et forts, au-delà des limites humaines, leurs corps restructurés ont hérité d'une beauté rappelant celle de leur angélique aïeul, leurs sens se sont affinés et leurs muscles sont plus solides que l'acier trempé.

Ils n'ont pourtant accompli que les premiers pas sur cette route qui fera d'eux de véritables Blood Angels.


L'Hérésie d'Horus

Peut-être plus que pour tout autre chapitre loyaliste, les événements de l'Hérésie d'Horus ont eu sur les Blood Angels un effet horrible et permanent qui a depuis façonné leur tragique destin. Le Maître de Guerre Horus, autrefois l'enfant chéri de l'Empereur, passa au Chaos et plongea la dague de la trahison profondément dans le coeur de l'Imperium. Celui-ci n'a pas encore récupéré de cette blessure.

L'être corrompu et malveillant qu'était devenu Horus parvint à manipuler plusieurs Primarques pour les tourner contre leur propre père et mentor, l'Empereur de l'Humanité lui-même. Le point culminant de cette traîtrise fut l'attaque combinée des forces d'Horus contre le Palais de Terra, où les renégats affrontèrent leurs frères Space Marines jusqu'au moment où les fortifications du très saint monument parurent condamnées à tomber. Dans leur essor, les puissances auxquelles s'était allié Horus l'avaient doté d'un pouvoir dépassant l'imagination, au prix de son âme immortelle.

Sur les somptueux vitraux du Sanctus Praetoria Imperator, Sanguinius est immortalisé se battant au-dessus du massacre contre des démons qui auraient pu annihiler toute raison dans l'esprit d'autres grands héros d'un simple mot. Ce fut absolument seul qu'il tint les remparts contre les vagues démoniaques qui tentaient de se déverser dans les halls sacrés du Palais de l'Empereur. Plusieurs récits remontant à cette époque louent la valeur et les efforts incessants que déployèrent les Blood Angels au cours de la défense du spatioport du Mur d'Éternité. Bien qu'ils y mourussent par centaines, ils repoussèrent une mer d'atrocités plus vaste que tout ce qui avait pu se voir auparavant. Beaucoup parlent de la lumière qui baignait les fils de Sanguinius, tandis que sa lame de feu abattait ses ennemis dans le ciel. Ce fut cependant sur la barge de bataille d'Horus que le Primarque devait accomplir son plus haut fait.

Sûr de sa victoire, Horus se reposait sur ses lauriers et observait la bataille de la passerelle de son vaisseau-amiral. Il voulait soumettre lui-même l'Empereur après sa défaite et l'obliger à se mettre à genoux avant de se repaître de l'âme du père de l'Humanité. Alors que ses armées ouvraient l'ultime brèche dans les défenses et se ruaient dans les salles du Palais, Horus relâcha dans sa folie le bouclier psychique entourant son navire et l'Empereur y débarqua dans l'instant, Sanguinius à ses côtés.

On sait que celui-ci de Ses fils avait reçu don de prédiction. Son âme était parfaitement pure et ses prophéties se réalisaient inévitablement. Il est donc supputable que Sanguinius se savait parfaitement aller au-devant de la mort lorsqu'il vint affronter le Maître de Guerre, ce qu'il fit toutefois sans hésitation. Que cet acte ait été motivé par son fatalisme ou par sa loyauté envers l'Empereur est un sujet débattu par les théologiens manquant de la foi la plus élémentaire, mais il ne fait aucun doute pour les Blood Angels qu'il se jeta dans la gueule du loup par sens du devoir, ne sachant que trop bien quelle en serait l'issue.
Seuls les Blood Angels connaissent en détail quelle fut la fin de leur Primarque. Son abnégation trouve écho dans le coeur de chacun d'eux, consumé par les rêves troublés du trépas de Sanguinius. Cet héritage mémoriel est si fort que les Blood Angels tombent parfois dans un état de transe désigné comme la Rage Noire et qui les fait endurer de douloureuses visions qu'ils partagent avec leur père fondateur.

Il est exact qu'à mesure qu'un Blood Angel vieillit et qu'il est le témoin de terribles effusions de sang, il devient de plus en plus enclin à céder à la Rage Noire. Le Chapelain Lestrallio, célèbre martyr du chapitre, mit en oeuvre une méthode permettant à ceux qui succombent à la Rage Noire lors d'un voyage dans les profondeurs du vide de l'espace de pouvoir servir néanmoins leur cause. La procédure Lestrallio implique de se tourner vers les Prêtres Sanguiniens lorsque toutes les tentatives de résistance ont échoué et que la victime ne peut être envoyée vers nul ennemi pour le massacrer. Le volontaire est entravé de chaînes d'adamantium, souvent au prix de la vie de plusieurs serviteurs, puis transporté dans les entrailles du vaisseau. Là, dans la pénombre de l'Apothecarion, il est encouragé à parler de ce qu'il aperçoit autour de lui, ses visions étant celles de Sanguinius dans les profondeurs impies de la barge d'Horus.

Le passage qui suit est extrait des descriptions faites par le Chapelain Lestrallio en personne, enregistrées en 2432053.M36. Cela reste le plus long récit de visions induites par la Rage Noire et témoigne à titre posthume de la grande force mentale de Lestrallio.

"Il fait noir... aaah! Ça brille! L'odeur est si forte... L'odeur... La pourriture, la pourriture et la mort. Il fait chaud... Tellement chaud... Mes plumes se flétrissent, et je replie mes ailes pour qu'elles ne touchent pas les murs, des murs... C'est !'enfer... Des pointes poussent au travers de... <Spasme du sujet> <Hurlement de rage> Qu'est ce... Qu'est-ce que c'est que ça ? C'est trop rapide! Aaaaaaaah ! Pour l'Empereur! Meurs! MEURS!" <Le sujet se calme et murmure de façon inintelligible, peut-être une prière>

"Où est-il passé? Où est-il ! Tu ne peux pas m'arrêter, ignoble engeance du Chaos ! Aaargh !"

<Spasme du sujet qui serre les dents> "Maudite lumière... "

Brûlez ! Brillez tous ! <Indéchiffrable>, ce ne sont pas des murs, ce tunnel est fait de chair pourrie, elle éclate sous mes pas, l'odeur du pus... <Le sujet hurle puis se calme>"

"Je te trouverai, lâche."

<Six secondes s'écoulent, le sujet ouvre les yeux>

"Viens m'affronter, Traître ! Viens ! Pour l'Empereur ! POUR L'EMPEREUR !"

C'est à ce point, après un spasme violent plus long que les autres que le Chapelain Lestrallio mourut d'un traumatisme physiologique fatal, effet regrettable de la procédure qui n'est cependant pas jugée infamante par la plupart des Blood Angels.

La mise en parallèle des résultats de ces expériences permet de tirer certaines conclusions grâce à l'aide apportée par les victimes de la Rage Noire. On pense que le Maître de Guerre a infligé des dommages psychiques inimaginables à Sanguinius, qui sans cela l'aurait peut-être vaincu, comme se plaisent à le croire les Blood Angels. Horus s'assura que la mort de Sanguinius serait la plus douloureuse et la plus répugnante qu'il lui était possible de lui infliger.
L'assaut psychique du Maître de Guerre résonne au-delà de l'espace et du temps dans les âmes des fils du Primarque, dont le renoncement est censé avoir retenu Horus suffisamment longtemps pour permettre à l'Empereur de rejoindre le traître dans l'endroit de son antre où il le vainquit au prix que l'on sait. L'agonie de Sanguinius fut si intense que tous ses enfants en portent encore la marque.

C'est ainsi que le sang des Blood Angels en vint à être maudit et continue de l'être à ce jour.


Monde Natal

En des temps plus anciens, Baal et ses deux lunes avaient toutes une atmosphère de type approximativement terrestre. Plusieurs équipes chargées de leur exploration et vêtues des meilleures combinaisons anti-radiations qui soient ont étudié les lunes de Baal. Sous leurs écorces noircies se cachait une mine d'informations; les strates avaient en effet un aspect très différent de celui escompté. Il fut établi que Baal avait toujours été couverte de déserts de poussière rouge, mais que ses lunes auraient potentiellement put être un paradis pour des mortels qui se seraient concentrés sur la science et l'art plutôt que sur la conquête. La surface de Baal est jalonnée d'édifices en ruines et de monuments qui furent à coup sûr érigés par des mains expertes pour avoir résisté à l'épreuve du temps. Le peuple de Baal semble avoir passé le plus clair de son temps à édifier ces créations gigantesques et à sculpter ses dieux au flanc des montagnes. Le tableau de ce qu'était la vie sur Baal est rendu assez précis par ces découvertes architecturales.

A la grande consternation des historiens impériaux, on ignore encore ce qui a mis un terme à cet état de fait idyllique. Il est presque certain que les cataclysmes qui ont changé à jamais le visage de Baal ont dû se produire approximativement à la fin du Moyen Âge Technologique. Les lunes en souffrirent elles aussi et des traces de l'usage d'un armement aussi bien viral que nucléaire ont été découvertes et expliquent certainement le niveau de radioactivité. L'écorce de ces corps célestes présente des plaines vitrifiées et de vastes étendues de déserts pollués. Les mers ne valent guère mieux que des lacs toxiques, désormais prises sous une couche de pâle poussière. Les habitants du système ont certainement péri par millions, mais ont miraculeusement survécu pour devenir les pillards qui saccagèrent les restes de leur propre civilisation.

Sans leurs combinaisons protectrices, la plupart seraient certainement morts, empoisonnés par les altérations irrémédiables de l'atmosphère. Les savants ont émis l'hypothèse que dans la période qui suivit le cataclysme, certains se tournèrent probablement vers le cannibalisme.

L'un des effets secondaires de la radioactivité était toutefois inévitable. Avec le temps, les substances chimiques et les toxines accumulées par les organismes des survivants les firent muter en parodies des hommes qu'avaient été leurs prédécesseurs. Les peintures rupestres découvertes dans des grottes sur Baal Primus, tracées au sang sur des parois rocheuses, expliquent la désintégration de la société d'alors : on y trouve des images de mutants dévorant des hommes de meilleure constitution.

Mais comme nous l'apprend avec certitude la tradition baalite, certains s'accrochèrent farouchement à leur humanité, préservant un semblant de comportement sensé, et ce furent eux qui formèrent les tribus du type de celle qui recueillit Sanguinius. Une nouvelle culture, bien plus sauvage, s'enracina sur les ruines de l'ancienne. La tribu devint le seul vestige de cercle social : pour les humains comme pour les mutants, elle était le seul repère sur lequel s'appuyer.

Les habitants du système de Baal vécurent en nomades, allant de ruine en ruine pour les fouiller et s'affrontant pour ce qu'ils y avaient trouvé. Les guerres étaient monnaie courante et le jeu des alliances sans cesse changeant. L'extinction guettait les plus faibles. Si les lunes avaient été paradisiaques, elles semblaient désormais infernales.

Pour les quelques humains restants, la vie dut y être une lutte constante. Il sembla certainement pendant un temps aux baalites qu'ils étaient à terme condamnés et qu'il n'y aurait bientôt plus qu'un désert sans fin aux mains des féroces tribus mutantes. Même si tout cela n'est que pure conjecture, le miracle de la descente de Sanguinius donna à coup sûr un espoir nouveau à son monde.


Organisation

Bien que les Blond Angels partagent une grande part de leur organisation avec leurs frères Space Marines et adhèrent aux préceptes de l'Index Astartes, des exceptions méritent d'être soulignées. Ce chapitre dispose d'unités spécialisées qu'il ne partage avec nul autre à l'exception de ses chapitres successeurs, les Angels Vermillon, les Angels Sanguine, les Angels Encarmine, les Blood Drinkers et les Flesh Tearers. Il est cependant à noter qu'à la différence des autres, les Blood Drinkers suivent le Codex Astartes à la lettre, leurs marquages étant même similaires à ceux du noble chapitre des Ultramarines.

La différence la plus remarquable au sein des rangs des Blood Angels est la prépondérance des troupes de combat rapproché. Faire partie d'une escouade d'assaut est un honneur très recherché puisque c'est dans la mêlée que ces Space Marines exorcisent la douleur de leur héritage mémoriel. On a d'ailleurs déjà observé des escouades Devastator, chargées du soutien de l'armée à partir de positions plus reculées, se ruer vers l'ennemi pour tenter de l'engager au corps à corps (cf. Massacre de Trachesaï, 230.M34).

Les Space Marines de la Première Compagnie combattent en tant que troupes d'assaut ordinaires lorsqu'ils ne disposent pas d'armures Terminator, et non comme des escouades tactiques comme c'est le cas chez d'autres chapitres. La Huitième Compagnie est entièrement dédiée au combat rapproché et fait partie des meilleures troupes d'assaut de l'Imperium, ceux de ses membres qui ne sont pas équipés de réacteurs dorsaux font souvent usage de Land Speeders ou de motos. La Dixième Compagnie, qui consiste en un effectif variable d'escouades de Scouts, diffère en ce qu'elle agit de façon particulièrement agressive. Après avoir pris des positions avancées, les Scouts infiltrent celles de l'ennemi et profitent de la moindre occasion de déclencher de véritables carnages. Les autres compagnies Blood Angels se conforment à la structure établie, bien que les moteurs de leurs Rhinos soient souvent modifiés pour atteindre la ligne de front plus rapidement (cette déviance par rapport aux règles établies du SCS Rhino ne pouvant qu'attirer la colère du Dieu Machine sur ces véhicules). Les escouades spécialisées se distinguent par les couleurs de leurs casques : rouges pour les escouades tactiques, bleus pour les Devastator et jaunes pour les vétérans d'assaut.

Les sections de commandement des Blood Angels incluent un certain nombre de grades qui leur sont propres et reflétant la nature unique du chapitre, notamment les Prêtres Sanguiniens, chargés de conserver le sang sacré du Primarque. Même au plus fort des combats, ils effectuent parfois d'importantes transfusions sanguines à un compagnon d'armes grâce à leurs Exsanguinators.

Une autre entorse à l'organisation standard est la formation de Gardes d'Honneur, qui intègrent l'élite des Blood Angels spécialistes du corps à corps et escortent les meneurs les plus révérés. Ces guerriers remplacent les escouades de commandement habituelles et peuvent compter parmi eux un porte-étendard ou un Prêtre Sanguinien. Selon certains dires, le panthéon entier de l'Adeptus Astartes comprend peu d'unités aussi pleines de fougue. Les vétérans composant une Garde d'Honneur se démarquent par leurs casques dorés, signe d'espoir pour leurs alliés et d'une mort prochaine pour leurs adversaires.

Les Blood Angels sont également renommés pour leur modèle de Dreadnought dit Furioso, perfectionné depuis des siècles par les Seigneurs des Forges du chapitre pour permettre à leurs héros d'étancher leur soif de se battre lorsque tout espoir de sauver leurs corps brisés doit être abandonné. Leurs deux poings de combat peuvent venir à bout de n'importe quel blindage, même de la coque d'adamantium d'un Land Raider standard.

La dernière particularité, qui n'en est pas moins la plus remarquable, est que l'organisation des Blood Angels se retrouve souvent perturbée par ceux d'entre eux qui succombent à la Rage Noire et constituent la Compagnie de la Mort. Il n'est hélas aucun moyen de prédire exactement avant la bataille à quel point l'ampleur de ce phénomène affectera les troupes.


Doctrines de Combat

Les compagnies Blood Angels sont organisées comme on est en droit de l'attendre de la part d'un corps de l'Adeptus Astartes. Les Deuxième, Troisième, Quatrième et Cinquième Compagnies sont des contingents de combat qui forment les lignes de bataille principales et supportent souvent le plus gros des affrontements. Les compagnies spécialisées sont conservées en réserve et déployées si besoin est.

On ne peut toutefois pas se fier à ces compagnies pour ce qui est de se battre à la manière organisée et disciplinée des Impérial Fists ou des Dark Angels, l'influence permanente de ses chromosomes transformant à l'occasion même le plus taciturne des vétérans en machine à tuer prête à démembrer ses adversaires à mains nues. La Rage Noire peut prendre n'importe qui, qu'il fasse partie d'une escouade Devastator ou conduise un Vindicator. Il n'est donc jamais certain que des Blood Angels tiendront une position, car il se peut tout aussi bien qu'ils se mettent à courir en hurlant pour aller éventrer leurs opposants. Par le passé, cela a déjà conduit en plusieurs occasions remarquées à des exterminations totales en bonne et due forme. L'une des plus connues est probablement celle de la Ruche Tempestora où les Blood Angels chargèrent en masse avec une telle férocité que leur assaut fracassa la ligne ennemie et leur permit d'établir une tête de pont sur une localisation considérée imprenable par les tacticiens impériaux. Le zèle fanatique des Blood Angels leur a souvent permis d'accomplir l'impossible au cours de la campagne d'Armageddon. Leur imprévisibilité les rend la plupart du temps antipathiques auprès des commandeurs de l'Imperium, ce dont ils ne se soucient guère, car ils savent que leur lutte constante contre la Rage Noire les rend plus forts.


Cri de Guerre

"Par le sang de Sanguinius !"


Croyances

Sanguinius était un visionnaire. Dès ses premières années, il désira mener son peuple vers une vie meilleure et lorsqu'il rejoignit la Grande Croisade, sa vision ne fit qu'atteindre une plus grande échelle. Il voulait améliorer la condition de toute l'humanité et mettre fin aux conflits engendrés par le déclin des civilisations au cours du Moyen Age Technologique.
Il a pu être établi que le voeu de Sanguinius a conditionné son chapitre. La plupart des doctrines des Blood Angels ont une fibre mystique qui sous entend que les choses peuvent souvent être améliorées et après tout, la transformation presque inespérée d'humains ordinaires en guerriers fiers et orgueilleux en est bien la preuve tangible.

Ce désir de perfection se retrouve dans tout ce qu'accomplissent les Blood Angels. Leurs oeuvres d'art ne sont que beauté et symétrie, leurs préceptes martiaux sont sans cesse ressassés et leurs doctrines sont empreintes de la conscience de leur mortalité et de la déchéance de l'Homme.

Les Blood Angels font partie des Space Marines pouvant vivre le plus longtemps. Une des particularités de leur patrimoine génétique est qu'il étire l'espérance de vie de celui qui en bénéficie, il n'est donc pas rare qu'un frère Blood Angel atteigne le millier d'années au service de l'Empereur et le Commandeur Dante, actuel Maître de Chapitre, approche même des onze siècles d'existence. Grâce à cette incroyable longévité, les Blood Angels peuvent perfectionner aussi bien leurs techniques de guerre que leur savoir artistique. Ils disposent de siècles entiers pour s'adonner aux disciplines vers lesquelles ils se tournent, ce qui explique le fait que leurs armures et leurs bannières soient parmi les plus ouvragées de l'Imperium

Lors de son séjour dans la forteresse monastère de Baal en 1929734.M40, l'Inquisiteur Garillion fut le témoin d'un des traits les plus étranges du chapitre : les Blood Angels ont l'habitude de dormir aussi fréquemment qu'il leur est possible dans les sarcophages qui les ont engendrés. La croyance veut apparemment que dans cet état de sommeil profond, ils s'approchent encore un peu plus près de Sanguinius pour mieux pénétrer la psyché de leur ancêtre. Au cours de ce sommeil, leur sang est filtré et purifié, le chapitre espère ainsi ralentir le lent processus d'une probable dégénérescence du génome jusqu'à ce qu'un remède permanent contre la Rage Noire soit enfin découvert et distribué.

Il est néanmoins évident pour tous ceux qui ont pu étudier les archives militaires des Blood Angels qu'ils font respecter la volonté de l'Empereur avec une ferveur excédant parfois celle d'autres chapitres. On peut porter au crédit des Blood Angels certains des plus grands succès de l'Imperium, il est par contre impossible de dénombrer les extraterrestres et les hérétiques dont les agissements ont pris fin grâce à eux et à leur vigilance.


Patrimoine Génétique

Le chapitre fuit aujourd'hui autant que possible la présence d'autres membres de l'Adeptus Astartes. Certains officiers ont fait part de leurs soupçons quant à une terrible soif de sang que les plus alarmistes se sont empressés de qualifier de signe avant-coureur d'un passage au Chaos. Les Blood Angels passent le plus clair de leur temps à s'efforcer de remédier à leur condition, ce qui ne signifie certainement pas qu'ils sont un chapitre condamné à tenter de chasser en vain l'influence insidieuse des puissances obscures.

Les épreuves inhérentes à leur héritage sont peut-être la plus grande chance de salut pour les Blood Angels, car elles impliquent l'humilité et la compréhension de leur propre imperfection, ce qui les place parmi les âmes les plus nobles de toutes les composantes de l'Adeptus Astartes.

Le destin de ces malheureux qui succombent entièrement au souvenir de leur Primarque n'est connu que du chapitre. Des rumeurs circulent sur une chambre secrète bâtie à l'intérieur de la forteresse-monastère de Baal et d'où s'échapperaient des cris implorant de pouvoir goûter au sang des vivants. Nul ne souhaite s'étendre sur les secrets qui reposent dans cet endroit sinistre et mystérieux.

Certains incidents sont survenus sur des mondes isolés où étaient stationnés les Blood Angels, des membres des populations locales furent portés disparus pour être retrouvés par la suite vidés de tout leur sang (Paradis de Rukh, Ceinture d'Amerialla, Q34/ 9/4503/RT/251279 Ultimo Segmentum, 6569347.M36). Cela pourrait tout aussi bien être l'oeuvre de cultistes cherchant à discréditer le chapitre, certains des autochtones les plus superstitieux pourraient même fort bien avoir offert ces personnes en sacrifice à leurs divins visiteurs. Toutefois, les historiens impériaux habités d'une imagination trop galopante clament qu'il est fort envisageable que ces victimes aient été celles de la soif incontrôlée des Space Marines Blood Angels.

Parmi ceux qui se délectent d'idées aussi impensables, certains affirment qu'il s'agit bien là de la preuve que Sanguinius fut plus affecté par le Chaos que les autres Primarques et citent pour exemple ses ailes, mutation trop évidente. Leurs arguments soutiennent la thèse que les gènes qui furent extraits de lui étaient imparfaits avant même la création des Blood Angels et que les conséquences ne pouvaient en être que catastrophiques.

A l'époque de la création des chapitres de la Première Fondation, l'Empereur lui-même supervisa la transplantation du patrimoine des Primarques sur Ses Space Marines, mais depuis son enchâssement dans le Trône d'Or, chaque chapitre a eu ses propres méthodes de contrôle sur l'altération de ses guerriers. Les Blood Angels pratiquaient à l'origine le rituel de l'exsanguination, une pratique assez peu orthodoxe qui consistait à injecter aux aspirants de petits échantillons du sang du Primarque. Ce procédé faillit bien s'éteindre définitivement à la mort de Sanguinius, par chance, une partie de son sang avait été conservée dans une relique nommée le Graal Rouge. Ce fluide vital hors du commun, malgré toute la puissance qui l'habitait, n'aurait pu perdurer très longtemps sans être protégé, c'est pourquoi il fut transfusé dans les organismes des Prêtres Sanguiniens qui devinrent les hôtes vivants de la force du Primarque. Aujourd'hui encore, boire le sang du Graal Rouge devant l'assemblée des Prêtres Sanguiniens fait partie du rituel d'induction des nouveaux garants de la transmission de la lignée, dont les veines seront par la suite la source qui fera définitivement entrer les novices dans le chapitre.

Il est probable qu'au fil de l'écoulement des générations depuis les temps reculés de l'Hérésie d'Horus, les cellules hématostatiques des Prêtres aient connu successivement des mutations, d'abord lentes, puis plus rapides lors de ces derniers siècles. Le sang utilisé pour les cérémonies du chapitre est techniquement tout aussi vulnérable que n'importe quel autre aux erreurs de réplication et à la dégénérescence, ce qui pourrait donner les premiers éléments d'une explication quant au développement à long terme de la terrible malédiction qui le frappe.

Les occurrences d'instabilité génétique survenues dans les premières années de l'essor de l'Imperium et au cours de millénaires d'existence du chapitre des Blood Angels sont extrêmement rares. A l'heure actuelle, il n'en demeure pas moins que c'est en raison de cette soif de batailles inextinguible et de cette réputation effrayante qu'ils ont acquis leur réputation d'instabilité et sont souvent exclus d'office de nombreuses alliances avec d'autres contingents impériaux réguliers. Il s'avère donc que maintenant que la damnation s'est attaquée à leurs corps comme à leurs esprits, elle sape désormais tel un inexorable cancer les fondements même de leur honneur...


La Compagnie de la Mort

Fermement ancrée dans le patrimoine génétique des Blood Angels se trouve l'expérience encodée de Sanguinius, mais l'est plus encore le souvenir de son combat final contre Horus. Parfois, les événements ou les circonstances peuvent faire ressurgir cette part de "mémoire collective". Cela n'arrive que rarement, souvent a la veille d'une bataille, mais peut s'avérer fatal au guerrier dont l'esprit est soudainement renvoyé dans le passé. Ce que l'on nomme la Rage Noire s'empare alors de lui quand la conscience de Sanguinius et des fails vieux d'une dizaine de millénaires refont surface.

Aux yeux des autres, un Blood Angel qui succombe à la Rage Noire semble â moitié fou de douleur : incapable de distinguer le passé du présent, il ne reconnaît même plus ses compagnons et se prend pour Sanguinius quelques heures avant sa fin, entouré par les affrontements sanglants et fratricides de l'Hérésie d'Horus. Pour autant qu'on puisse en juger, le Space Marine reçoit en cet instant une part de la puissance surnaturelle de son Primarque qui propulse sa force et sa vitalité déjà prodigieuses vers des niveaux encore plus surhumains.

Pour conserver leur emprise sur la Rage Noire avant de partir à la bataille, les Blood Angels se plongent dans la prière en se remémorant le noble sacrifice de leur Primarque. Les Chapelains passent parmi les rangs pour bénir chacun d'entre eux et pour détecter ceux dont les yeux deviennent injectés de sang ou qui ne parviennent plus à articuler. La plupart, pour ne pas dire tous, surmontent les réminiscences du passé et leur entraînement mental vise principalement à les contrôler pour les repousser vers les tréfonds de leur être. Pour certains, la vision de Sanguinius est trop forte et ses souvenirs trop clairs. Lorsque les Chapelains entonnent le Moripatris, les élus tombent dans les bras de leurs aumôniers et sont emportés loin des autres frères. Les Space Marines pris de cette affliction sont regroupés au sein d'une unité spéciale appelée la Compagnie de la Mort.

Baignés dans l'ambiance des derniers instants de leur Primarque, les membres de la Compagnie de la Mort ne cherchent plus qu'une chose : mourir en affrontant les ennemis de l'Empereur. Ils peignent leurs armures en noir et les ornent de croix couleur de sang symbolisant le sacrifice de Sanguinius. La Compagnie est menée à la bataille et conduite vers l'ennemi par les Chapelains. Ces guerriers se battent avec la certitude de mourir, ne redoutant plus rien, ils supportent des blessures qui auraient eu raison de leurs frères. S'ils survivent à une victoire, ils finissent souvent par mourir de leurs blessures une fois retombée l'excitation du carnage. Les Blood Angels accueillent cette mort comme un soulagement, de peur que leur folie les fasse plus tard s'engager sur la voie la plus sombre de toutes. Il est de loin préférable de mourir vite et honorablement que d'être condamné à pareil destin…


Tour d’Amareo

Une brume glaciale et verdâtre s'accrochait aux flancs de la montagne, enveloppant la vallée d'une mer frémissante de nuages translucides. Loin au-dessus de cette froide masse d'air en mouvement trônaient les roches grises du mont Galaspa. La forteresse des Space Marines, brillait d'une lueur diffuse sous les pâles rayons du soleil. Des créatures solitaires traversaient les airs, ombres vacillantes qui hurlaient en volant de tour en tour. Leurs cris perçaient le lourd silence sans pouvoir vraiment en dissiper l'emprise sur la forteresse.

Une cloche résonna. dans un claquement d'ailes de cuir, un grand nuage de créatures s'échappa du campanile du nord, ce minaret de roc incommensurablement élevé et appelé Tour d'Amareo. La cloche retentit une seconde fois, chassant de nouveau la nuée de créatures qui revenait, après un grand cercle dans le ciel, se poser au sommet du campanile.

Dans les profondeurs de la forteresse, au coeur de la grande nef où Amareo s'était adressé au chapitre d'une voix passionnée, les Blood Angels écoutaient en silence. Chaque guerrier méditait en se souvenant de ceux qui étaient morts au combat, loin de chez eux. Depuis l'antiquité et ses guerres oubliées, les âmes des Blood Angels retrouvaient toujours leur demeure. C'était le choeur de la doctrine du culte d'Amareo, cause première du schisme entre les Blood Angels et les chapitres de marines plus orthodoxe.

Le nuage noir s'enroulait encore et encore autour de la Tour d'Amareo, chassé par le son de la cloche. Bientôt la cloche se tairait à nouveau durant une année entière et les âmes des Blood Angels retourneraient se percher.

 

( Source : Index astartes 2, White dwarf 94, Forum Ressurection 40k )


COMPAGNIE DE LA MORT DES BLOOD ANGELS (WD8)
 

Les Blood Angels sont uniques car leurs implants génétiques sont issus de la dépouille mortelle de leur primarque. L'expérience du primarque ailé est scellée dans la structure génétique des Blood Angels. Encore plus profondément enracinée dans leur mémoire est la vision du combat fatal qui opposa Sanguinius et Horus. Au fil des siècles, cette vision n'a cessé de hanter le chapitre. Elle affecte de façon subliminale tous les Blood Angels. Elle perturbe leur sommeil avec des souvenirs cauchemardesques et affecte leur imagination par des images de sacrifices sanglants. La plupart de ces visions restent enfouies dans leur inconscient et forment un lien secret au sein de la confrérie des Blood Angels.

Parfois, cet héritage génétique remonte à la surface. Cela n'arrive que très rarement, souvent au cours d'une bataille particulièrement sanglante, mais ce peut être une expérience fatale pour un Blood Angel car son esprit est ramené dans un lointain passe. La Rage Noire l'envahit, les souvenirs et la conscience de Sanguinius prennent le contrôle de son esprit et des évènements vieux de plus de dix mille ans émergent dans le présent. Pour ceux qui l'entourent, le Space Marine semble devenir fou sous l'emprise d'une fureur incontrôlable, il est incapable de discerner le passe du présent et ne reconnaît plus ses frères d'armes. Il peut croire qu'il est Sanguinius lors de son ultime combat et que la bataille sanglante contre Horus fait rage. En plus des souvenirs de Sanguinius, son héritage génétique lui donne d'autres pouvoirs du primarque défunt et le Space Marine est empli d'un puissance incommensurable.

A la veille d'une bataille, les Blood Angels prient et évoquent le sacrifice de leur primarque. Alors que le chapelain passe devant chaque homme, les bénissant à tour de rôle, il note ceux qui ont les yeux qui brillent d'une lueur étrange ou dont le discours semble excité ou bredouillant. Ce sont les preuves que le passe envahit l'esprit du Space Marine. La plupart parviennent a controler cette intrusion du passe dans leur esprit. Tout leur entraînement de guerrier est utilisé pour la refouler dans les tréfonds de leur âme. Mais certains souvenirs de Sanguinius sont trop puissants et sa mémoire est trop présente. Alors que le chapelain chante le Moripatris et la Messe du Destin, les élus tombent aux pieds de leurs prêtres et sont emmenés. Ils formeront la Compagnie de la Mort.

 

La Compagnie de la Mort est vêtue d'armures noires marquées de croix rouges, symbolisant le sacrifice de Sanguinius. Le chapelain demeure souvent auprès de ces hommes durant leur période de fièvre initiale. Ils délirent et leurs corps sont secoués de violentes convulsions alors qu'ils revivent 1'affrontement final entre Sanguinius et Horus. La fièvre peut s'éteindre, mais leur esprit est à jamais altéré. Le guerrier affecte est à la fois Sanguinius et lui-même. Il est assailli par la douleur qui fut celle du primarque aile et sa conscience est écartelée entre le passe et le présent. Il sait que la mort l'attend. Une mort au combat, aux cotes de l'Empereur et contre les ennemis des Blood Angels.

 

La Compagnie de la Mort est menée au combat par le chapelain du Chapitre. Alors que l'ennemi approche, la Compagnie de la Mort est attisée par sa soif de vaincre.

 

Chaque guerrier se sent devenir le primarque aile, envahi par une fureur dévastatrice. Les guerriers combattent avec la certitude de leur mort, peu de blessures les affecteront puisque qu'ils savent leur destin scelle. S'ils survivent à la bataille, ils mourront sans doute des blessures qu'ils auront subies, une fois leur soif de vaincre passée. IIl est préférable qu'ils meurent car, après cette crise, leur tourment devient encore pire. Leurs implants génétiques libérant de dangereuses hormones, la folie s'empare d'eux, détruit leur esprit et les transforme en bêtes sanguinaires. Le destin de ces infortunés n'est connu que par les membres du chapitre. Une légende veut qu'un sombre labyrinthe sous la tour d'Amareo abrite ces damnes, mais nul ne saurait dire les secrets que recèle ce lieu hanté.

 

( Source White Dwarf 8, Taran )